Je ne dirais pas que j’ai connu Tony Morgan. Je l’ai vu. Je l’ai suivi. Je l’ai regardé… J’étais très intimidé par sa présence et par ses personnages. 

J’ai eu, par contre, la chance de pouvoir l’exposer à plusieurs reprises. 

C’est un peu paradoxal les moments que l’on peut estimer avoir partagé avec les artistes. Nos rencontres se poursuivent bien au-delà de la vie. C’est cela qu’évoque People Presence, et c’est pourquoi j’ai choisi cette oeuvre pour cet anniversaire. 

Si on ne vit qu’une fois, si notre enveloppe ne nous soutient ici que durant un temps limité, si l’intensité de nos contacts physiques est sans pareil, l’art nous offre pourtant un temps suspendu, un moment d’exception qui nous fait croire que l’on pourrait tenter de basculer le réel. Inscrire sa vie et ses gestes quotidiens dans le champ de l’art, c’est imaginer atteindre un moment de conscience intense et collectif. Pour Tony Morgan, il n’est ainsi plus question de notre mémoire seule, mais de celle qui nous anime tous. Nous sommes là autant que l’a été l’artiste en 1970 dans ce lieu d’exposition de Munich avec les visiteurs de son exposition. Nous sommes là, et en ce moment, c’est tout ce qui compte.

À propos de Samuel Gross

Curateur, critique d’art, a été actif dans différentes institutions dont dernièrement le MAH. Il est actuellement en poste à la Fondation Opale, Lens (Valais).

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